dimanche 8 février 2015

Dialoguer avec un pré-ado en réaction

Valentine, merci beaucoup pour cette question que tu me poses et que j'ai lue ce matin en me réveillant: 

Amthyste,sais-tu concrètement en quoi ton aîné a intégré qu'il s'agit d'une question de survie pour toi?

Mon aîné vient de venir étudier deux heures avec moi, mais juste avant de commencer, il m'a encore parlé de cette histoire de déménagement qu'il refuse catégoriquement d'accepter. Alors j'ai ouvert le dialogue.

Il m'a dit: ``Papa m'a dit que vendredi le 13, il est obligé de venir chez ton avocat et qu'il est obligé de signer les papiers qui disent que tu vas déménager, et que lui il est obligé de déménager aussi. Et il a dit que si il ne signe pas ces papiers, vous allez aller devant de juge et que c'est le juge qui va décider.`` [Of course, Delarte me fait passer pour la méchante maman qui force encore papa à faire ses caprices, la méchante maman qui oblige papa à faire de la peine à ses enfants.]

Puis il a fondu en larmes.

Mon pauvre petit loup.... Je l'ai pris dans mes bras, je lui ai dit que je comprenais son chagrin, que je sais que c'est pas cool de croire qu'il va perdre ses amis. Mais que les vrais amis vont rester en contact, il y a le téléphone, l'internet, et puis on ne s'en va pas en Chine. On va pouvoir revenir passer un samedi ou un dimanche avec eux, on prendra le train. 
Mais que ma décision ne va pas changer par contre, parce que c'est devenu une question de survie essentielle pour moi. Je n'ai pas d'autre choix que de déménager, et la première raison c'est que j'en ai marre de manquer d'argent pour faire plein de choses intéressantes et pour s'acheter des gâteries. Je lui ai dit que je suis désolée d'apprendre que papa lui ait parlé de ces choses concernant les papiers d'avocat, parce que ce sont des choses de grandes personnes, et qu'il est encore petit pour bien comprendre. 

Il a dit qu'il est assez grand, qu'il peut comprendre plein de choses. Alors je lui ai dit que puisque papa lui a déjà parlé de ces choses de grands, je vais prendre pour acquis qu'il doit avoir ma version aussi, et je lui ai fait un dessin. Je lui ai expliqué les différentes possibilités devant nous, en lui faisant bien comprendre que la chose qui ne changera pas, c'est que je vais bel et bien déménager. Il va falloir apprendre à vivre avec cette réalité et composer avec cette réalité. On va déménager à 45km d'ici, et il risque fort de ne pas aller dans la même école que ses amis, c'est la vie.

Je lui ai expliqué que la chose la plus importante en ce moment, c'est d'améliorer notre qualité de vie, sur le plan économique en premier. Les amis, ça ne paie pas nos factures, ni le loyer, ni la voiture, ni l'essence, etc. On ne va pas perdre nos amis, on va juste les voir moins souvent.
Et puis, dans 5ans, ses amis vont devoir aller dans une autre école de toutes façons. Il va en revoir certainement quelques-uns qui devront venir en ville, puisqu'il n'y a pas ce genre d'école post-secondaire dans le secteur où nous habitons maintenant.

Il a eu l'air de comprendre un peu mieux ce que je lui disais, il a arrêté de pleurer, il m'écoutait.Quand je lui demandais 'tu comprends?', il faisait signe que oui. 
Mais il a quand même redit: ''Mais moi je veux voir mes amis tous les jours. Est-ce que je pourrai prendre le train à 6h du matin pour venir à l'école ici?''

.... Je ne crois pas que cela soit possible. Je crois que les enfants sont tenus de fréquenter l'école reliée à la zone de résidence des parents. Mais je vais m'informer de cette hypothèse.

Ufff...... pas facile!!



4 commentaires:

Valentine a dit…

Bravo,une étape de franchie...il a besoin de mieux comprendre le monde adulte.Tu as bien fait de rebondir sur papa "qui est obligé" en donnant cette fois, ta version.

Pôv Loulou...je te comprends en tant que mère et et femme mais lui,il va devoir grandir plus vite que prévu...ce sont 2 deuils à avaler: le couple de ses parents et ses copains auxquels il a dû fortement se raccrocher depuis.

Pas facile,on s'en doute fort...mais vu d'ici,tu es une maman formidable et une sacrée nana ;)) Bravo M'dame!

Unknown a dit…

Merci, tu es gentille de dire ça... Mais tu sais, je ne fais que de mon mieux, avec les outils que j'ai; et surtout, avec mes faiblesses et mes blessures d'enfance qui sont encore à guérir.
Toutes les lectures que j'ai faites depuis quatre ans m'ont appris tellement de choses importantes. La plus précieuse étant de reconnaître plus rapidement lorsque je fais fausse route, et lorsque j'ai besoin de sonner l'alarme, besoin de guidance et de demander de l'aide extérieure. Heureusement.

En tous cas, je suis dans une période hyper intense d'années de défis. J'ai vraiment hâte de voir ce que sera ma vie, une fois que toute cette chaîne de montagnes sera derrière moi. Qu'y aura-t-il de l'autre côté?....

Pour en revenir à mes enfants. Le plus grand a toujours cette similitude effroyable avec son père, la résistance au changement. C'est dingue. Comment casse-t-on cela??

Mon plus petit n'a pas ce trait de caractère. Il a ce que j'appelle la confiance du nomade, comme moi. Il sait qu'il se fera de nouveaux amis, que la vie sera belle même ailleurs, et que le plus important, c'est de vivre avec les gens qu'il aime et qui nous aiment, en l'occurrence avec sa maman. Heureusement qu'ils ne sont pas tous les deux aussi difficiles à élever... (enfin, pour moi!)

Karen a dit…

eh oui, toi aussi tu vas devoir apprendre à gérer les paroles du père, pauvre victime de la méchante Amthyste....
tous les jours mon fils (5 ans pour rappel) m'interroge sur les juges, le notaire, ... bref des histoires de grands. Quel dommage pour un enfant de perdre son insouciance à cause d'un homme qui n'accepte tjrs pas mon départ....
bon courage ma belle; je trouve que tu t'en sors extraordinairement bien !

Valentine a dit…

La résistance au changement -ça me parle pour mon fils aussi- a plusieurs sources(caractère,éducation,habitude de la protection ou de la guidance,parent absent du monde de l'enfant,peur de grandir...).

L'aîné se met aussi souvent la pression de la réussite pour plaire aux parents et quand la situation devient limitante,il met en place des résistances(manip,fuite,agressivité) ou les lâche(pleurs,émotionnel divers,...)...
Mais comment casser cela j'y réfléchis...
Je ne sais pas si casser est la bonne approche car parfois s'opposer à un trait de caractère le nourrit!

Il faudrait plutôt qu'il ait l'impression qu'il y gagne quelque chose(d'ordre affectif) au lieu d'avoir le sentiment de tout perdre.
Alors, sera-t-il possible de mettre en place un point de chute (copain,famille,amis...) pas loin de son école pour qu'il ait aussi une soupape de décompression lorsque tu seras en ville?S'il n'a que son père après l'école,il a besoin de qqn qui le recadre ou lui donne d'autres repères,surtout d'ordre scolaire...